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Journée d'Etude 2021

Définitions et pratiques de l’Exercise Medicine

Lors de la 18e journée d’étude de l’UPDLF du 1er octobre 2021, la docteure Séverine Macq, Cheffe de service de Médecine du Sport du CHU de Charleroi a expliqué en quoi consiste l’Exercise Medicine. L’activité physique est-elle un outil thérapeutique ?

Fatima Oulhadj, diététicienne-nutritionniste

Quelques définitions

L’activité physique se définit comme tout mouvement produit par les muscles squelettiques qui entrainent une augmentation significative de la dépense énergétique. Elle se différencie du sport qui inclut une notion de dépassement de soi ou des autres.

La sédentarité est définie par moins de 3000 pas journaliers, ou moins de 2 km par jour. Elle serait responsable de 6% des cas de diabète et de coronaropathie et de 10% des cancers du sein et du côlon. En Belgique, plus de 50% de la population adulte est sédentaire.

Causes

L’Homo sapiens sapiens (-2500 AC) marchait 25 à 35 km par jour. Aujourd’hui, le patrimoine génétique est le même, mais la dépense énergétique a diminué. En 2021 l’activité physique journalière était de 3 à 5 km. De plus, l’alimentation a bien changé, notamment concernant les fibres, le sucre et le sel. Nous sommes donc en déficit de 19 km par jour soit l’équivalent de 4 heures de marche par jour par rapport à l’Homo sapiens sapiens.

Etudes

Les premières études qui font le lien entre sédentarité et mortalité ont été faites pendant la guerre, dans le transport public de Londres et les services postaux. Puis, des études à grande échelle comme celle sur la mortalité des alumni de Harvard (1962-88), dont la faible dépense énergétique est retrouvée comme cause de mortalité, contrairement à l’activité vigoureuse qui est, elle, associée à la longévité.

Dans le World Health Report (2002), l’inactivité physique fait partie des facteurs de risque individuels (au même titre que le tabac ou l’alcool). Pour les maladies cardio-vasculaires, l’activité, même modérée, diminue le risque par rapport à la sédentarité.

Effets de l’activité physique

On constate que l’activité physique a de nombreux effets positifs sur divers métabolismes :

–          Sur le métabolisme du glucose, elle induit une diminution de la glycémie à jeun, une amélioration de la sensibilité périphérique à l’insuline, une meilleure élimination du glucose, une augmentation de la masse musculaire. L’activité physique a des effets positifs durant plusieurs heures (jusqu’à 24h) sur la régulation de la glycémie et peut diminuer de 60% le risque de diabète.

–          Sur le système cardio-vasculaire et l’hypertension artérielle, un programme d’activité physique régulier permet, sur 3 semaines, d’obtenir les mêmes effets que les médicaments. On peut atteindre une baisse jusqu’à 10 à 15 mmHg de pression chez les bons répondeurs. Ceci peut être intéressant pour limiter la médication. Cet effet se maintient, à condition que l’activité physique soit régulière.

Recommandations de l’American College of Sports Medicine (2011)

Soit 30 minutes d’exercice à intensité modérée 5 fois par semaine,

Soit 20 minutes d’exercices à haute intensité 3 fois par semaine.

Macq, S. (2021, 1er octobre). Définitions et pratiques de l’Exercise Medicine & Therapy. Dans NEXT : Nutrition Exercise Therapy (symposium), 18e journée d’étude de l’UPDLF, Charleroi, Belgique. https://lesdieteticiens.be/journee-detude-2021/

Les bénéfices sur la santé de l’activité physique montrent un niveau d’évidence forte (preuve A) en ce qui concerne la coronaropathie, l’hypertension artérielle, les accidents vasculaires cérébraux (AVC), le syndrome métabolique, le cancer du sein et du côlon, la dépression, les chutes des personnes âgées. Elle montre aussi une amélioration de la condition cardio-respiratoire et musculaire, de la masse corporelle, de la santé osseuse, de la fonction cognitive (par exemple, elle retarde l’évolution de la maladie d’Alzheimer).

Activité physique et cancer

En Europe, 9 à 19% des cancers sont attribués à un manque d’activité physique.

Il y a trois stades dans l’évolution du cancer : l’initiation, la promotion et la progression. À chacun de ces stades, l’activité physique a un effet bénéfique. Par exemple, dans la phase initiale elle permet l’inhibition de l’activation des carcinogènes et entraine une production d’enzymes de détoxication dans le foie et les reins. Dans le stade de la promotion, elle évite la mutation du gène P53.

Cancer du sein

La pratique d’une activité physique régulière, une alimentation saine, la gestion du poids et la limitation de consommation d’alcool peut prévenir 25 à 30% des cas de cancer du sein. En effet, l’activité physique diminue la production d’œstrogènes, stimule l’immunité, diminue l’insulinorésistance et les marqueurs de l’inflammation. Lors des traitements anticancéreux, l’activité physique a un impact positif sur la fatigue induite par la radiothérapie et la chimiothérapie. De plus, elle limite le déconditionnement physique, les bouffées de chaleur, l’arthralgie et les nausées. On retrouve, dans le cancer du sein, une modification de la composition corporelle due à l’hormonothérapie, notamment de l’ostéoporose et une obésité sarcopénique (diminution de la masse musculaire et augmentation de la masse grasse, sans modification du BMI). L’activité physique permet de diminuer la masse graisse, d’augmenter la densité osseuse et diminuer les raideurs articulaires. En phase de rémission, elle permet une survie de 4% à 5 ans et de à 6% à 10 ans.

Cancer du poumon

Le cancer du poumon est l’un des plus meurtriers et la chance de guérison est liée à la chirurgie. En moyenne 30% des patients sont résécables, mais pas forcément opérables. La VO2 max est le meilleur facteur prédictif des complications postopératoires :

–          Le risque est léger pour une VO2 max supérieure à 20 ml/kg/min et la pneumonectomie envisageable.

–          Le risque modéré pour une VO2 max de 10 à 20 ml/kg/min et la lobectomie sera préférée.

–          Le risque est élevé pour une VO2 max inférieure à 13.

15ml/kg/min est le seuil d’indépendance fonctionnelle pour lequel les gestes de la vie quotidienne sont difficiles.

La prévention primaire consistera à pratiquer une activité physique régulière afin de réduire l’incidence du cancer du poumon.

En cas ce cancer bronchique diagnostiqué, un programme d’exercices en préopératoire peut permettre de rendre opérables des patients qui ne l’étaient pas en essayant d’augmenter leur VO2max.

En cas de résection pulmonaire, on observe en postopératoire une diminution de l’activité à un mois et de l’état de santé fonctionnel à 6 mois. L’intérêt de proposer des programmes d’exercices en pré- ou en postopératoire est donc de limiter cette perte fonctionnelle.

Cancer de la prostate

Le cancer de la prostate reste localisé dans 80% des cas. L’hormonothérapie améliore la survie mais, à court terme, un syndrome de castration est observé comme effet secondaire (perte de libido et dysfonction érectile). À long terme, une obésité sarcopénique va entrainer une résistance à l’insuline, voire un diabète et une perte de masse osseuse plus lente.

Dans le but de prévenir ces effets secondaires, l’activité physique est proposée dans le cadre de programmes dans certains pays comme l’Australie et l’Angleterre.

En conclusion

Dans le cadre du cancer, l’activité physique en prétraitement permet d’améliorer la condition physique. Pendant le traitement, elle aide à diminuer les effets secondaires. En période de rémission, elle permet un reconditionnement physique et diminue les récidives. Et en fin de vie, elle permet de garder une indépendance fonctionnelle.

Bibliographie

Macq, S. (2021, 1er octobre). Définitions et pratiques de l’Exercise Medicine & Therapy. Dans NEXT : Nutrition Exercise Therapy (symposium), 18e journée d’étude de l’UPDLF, Charleroi, Belgique. https://lesdieteticiens.be/journee-detude-2021/

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