Végétarisme, végétalisme, crudivorisme, macrobiotique, etc. : tant de modes alimentaires que le diététicien peut rencontrer dans sa pratique. Nous nous penchons ici sur les végétarismes les plus fréquemment rencontrés en tentant de proposer aux diététiciens des clés pour accompagner les personnes végétariennes.
Céline Lefebvre, diététicienne agréée, diététicienne pédiatrique, Centre hospitalier Epicura, site Hornu & membre effectif du Club européen
des diététiciens de l’enfance (CEDE)
Charlotte Nicolas, diététicienne agréée, diététicienne pédiatrique, LABIRIS & membre effectif du CEDE
Céline Lefebvre et Charlotte Nicolas sont les auteures de l’ouvrage « Les végétarismes chez l’enfant, l’adolescent, la femme enceinte et allaitante ».
Que ce soit dans une perspective écologique, pour prendre soin de sa santé ou encore par conviction philosophique, certaines personnes font le choix d’une alimentation végétarienne. Du point de vue de la santé, même s’il est vrai que certains végétarismes sont bénéfiques pour les adultes (par exemple en réduisant le risque de cancer colorectal ou en améliorant le profil lipidique), il faut rester attentif à la couverture des besoins nutritionnels, en particulier pendant les périodes de croissance.
Les études menées auprès des nourrissons, enfants et adolescents, en particulier au sujet du végétalisme, sont rares ou les échantillons sont trop petits pour pouvoir conclure à un impact bénéfique pour la santé ou délétère des différents types de végétarismes pour ces populations spécifiques (Schürmann, 2017).
Avant toute chose, il semble utile de rappeler la définition du végétarisme. Il correspond à une alimentation excluant un ou plusieurs types de produits d’origine animale et se décline en différents modes alimentaires dont les six principaux sont présentés dans le tableau 1 (Senninger, 2003 ; Radnitz et al., 2015 ; Melina et al., 2016 ; Cerin, 2011).
À côté de ces végétarismes plus « classiques », il existe une multitude d’autres pratiques adoptant certaines restrictions du végétarisme (par exemple le crudivorisme, le régime macrobiotique, etc.). Et chacun peut attribuer à son alimentation l’étiquette « végétarienne » sans pour autant en adopter tous les principes. Gardons donc en tête qu’il existe autant de végétarismes que de végétariens !
Plus l’alimentation végétarienne est restrictive, plus le risque de ne pas pouvoir couvrir les apports recommandés en certains nutriments est élevé. Une attention particulière doit être portée aux apports et au statut en vitamine B12, en iode, en acides aminés essentiels, en fer, en zinc, en acide docosahexaénoïque (DHA) et en calcium.
Voici un focus sur certains de ces nutriments :
Le suivi diététique individualisé des patients végétariens ou végétaliens, en partenariat avec le médecin, est donc indispensable afin d’identifier les apports insuffisants et de fournir les conseils adéquats pour couvrir les besoins, en parallèle à une éventuelle supplémentation (sur avis médical).
Pour aller plus loin, nous vous invitons à découvrir le nouvel ouvrage du CEDE, intitulé « Les végétarismes chez l’enfant, l’adolescent, la femme enceinte et allaitante », paru en janvier 2021 aux éditions EME. Cet outil est destiné aux diététiciens (et autres professionnels de santé intéressés) et propose des clés pratiques et pistes de réflexion pour l’accompagnement de leur patientèle végétarienne ou végétalienne. Les publics visés sont les enfants, les adolescents, les femmes enceintes et allaitantes, en faisant un focus sur les nutriments dont les apports peuvent être insuffisants, ainsi que sur les éventuelles substances indésirables apportées par les régimes riches en végétaux.
Cet ouvrage est disponible sur le site du CEDE : www.cede-nutrition.org et dans toutes les librairies.
Références
Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). (2017). Risques endocriniens et métaboliques relatifs à l’apport au cours de la grossesse de vitamine D et d’iode par des compléments alimentaires impliqués dans des cas de nutrivigilance. Saisine n° «2013-SA-0240». Avis de l’Anses, Rapport d’expertise collective. Maisons Alfort : Anses Editions.
Bourre, J. M. (2005). L’œuf naturel multi-enrichi: des apports élevés en nutriments, notamment acides gras oméga-3, en vitamines, minéraux et caroténoïdes. Médecine et nutrition, 41(3), 116-134.
Cerin. (2011). Les végétarismes : Ovo-lacto-végétarien ou végétalien ? Site web : https://www.cerin.org/actualites/les-vegetarismes-ovo-lacto-vegetarien-ou-vegetalien/ mise à jour le 8 août 2019
Conseil Supérieur de la Santé (CSS). (2015). Publication of the Superior Health Council Arsenic and other elements in algae and dietary supplements based on algae. No. 9149. Bruxelles : CSS.
Conseil Supérieur de la Santé (CSS). (2016). Recommandations nutritionnelles pour la Belgique. Publication no : 9285. Bruxelles : service public Fédéral de la santé publique, de la sécurité de la chaîne alimentaire et de l’environnement.
Mariani, A., Chalies, S., Jeziorski, E., Ludwig, C., Lalande, M., & Rodière, M. (2009). Consequences of exclusive breast-feeding in vegan mother newborn-case report. Archives de pediatrie: organe officiel de la Societe francaise de pediatrie, 16(11), 1461-1463.
Melina, V., Craig, W., & Levin, S. (2016). Position of the Academy of Nutrition and Dietetics: vegetarian diets. Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics, 116(12), 1970-1980.
Radnitz, C., Beezhold, B., & DiMatteo, J. (2015). Investigation of lifestyle choices of individuals following a vegan diet for health and ethical reasons. Appetite, 90, 31-36.
Richter, M., Boeing, H., Grünewald-Funk, D., Heseker, H., Kroke, A., Leschik-Bonnet, E., … & Watzl, B. (2016). For the German Nutrition Society (DGE). (2016). Vegan diet. Position of the German Nutrition Society (DGE). Ernahrungs Umschau, 63(04), 92-102.
Schürmann, S., Kersting, M., & Alexy, U. (2017). Vegetarian diets in children: a systematic review. European journal of nutrition, 56(5), 1797-1817.
Senninger F. (2003). L’enfant végétarien. Saint-Julien-en-genevois : Jouvence.